Hommage à Michel Dreyfus-Schmidt, Sénateur PS du Territoire de Belfort
Il croyait fermement en sa réélection le 21 septembre, multipliant les réunions de campagne
épuisantes jusque tard le soir ; le combat de trop, disaient certains. Sénateur PS du Territoire de Belfort sans discontinuer depuis 1980, Michel Dreyfus-Schmidt s'est éteint dans son sommeil à Belfort, dans la nuit du samedi 6 au dimanche 7 septembre, à l'âge de 76 ans. Il a succombé à un infarctus. Quelques mois après la disparition de Raymond Forni, ancien député et président de l'Assemblée nationale, c'est une nouvelle page de l'histoire politique du Territoire de Belfort qui se tourne.
Né le 17 juin 1932 à Belfort, Michel Dreyfus-Schmidt était issu d'une famille juive d'origine alsacienne qui avait quitté Mulhouse et rejoint Belfort après l'annexion allemande de 1871. Avocat de formation, il avait commencé sa carrière professionnelle en 1954 dans la cité du Lion, où son père, Pierre Dreyfus-Schmidt, fut député et maire.
LE SÉNATEUR LE MIEUX ÉLU DE FRANCE
Pénaliste respecté, ce fervent défenseur des libertés individuelles s'est engagé en politique à Belfort en 1964 : il fut conseiller municipal et adjoint au maire, puis conseiller général et vice-président de l'assemblée départementale. Cependant, c'est dans la vie parlementaire qu'il a surtout imprimé sa marque.
Député de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) de 1967 à 1968, il fut élu pour la première fois sénateur PS en 1980, à l'âge de 48 ans. En 1989, il avait réussi à agréger 80,05 % des suffrages autour de son nom dès le premier tour. Ce score fit alors de lui le sénateur le mieux élu de France.
Membre du comité directeur (1969-1973) et du bureau national (1969-1971) du Parti socialiste, ce fidèle de François Mitterrand fut vice-président du Sénat de 1986 à 1998. Il était aussi juge titulaire de la Haute Cour et de la Cour de justice de la République.
La longue carrière politique de Michel Dreyfus-Schmidt est balisée de nombreux temps forts avec, par exemple, son plaidoyer pour l'abolition de la peine de mort, son combat en faveur de la présomption d'innocence ou, plus récemment, ses projets de loi visant à faciliter le mariage des couples homosexuels ou l'exercice de la parentalité des parents divorcés en cas de garde alternée.
Respecté par ses adversaires politiques, le sénateur PS avait fait sienne une phrase de Jean Jaurès : "Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire." Viscéralement républicain et d'un humanisme sans faille, il se disait aussi agnostique, ce qui ne l'empêchait pas d'entretenir des liens étroits avec les milieux du judaïsme. Président de la section française du Congrès juif mondial (CJM) de 1982 à 1986, il était aussi membre du comité directeur du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF).
Alors qu'il n'avait pas obtenu l'investiture du Parti socialiste, Michel Dreyfus-Schmidt briguait un quatrième mandat de sénateur. Parmi ses adversaires : Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du MRC, un ancien allié devenu frère ennemi.